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Jusqu’à la seconde moitié du 20e siècle, l’histoire de la musique s’écrit sans les femmes…
Ce n’est qu’à partir des années 1970 que commencent les recherches pour rétablir une vérité occultée pendant des siècles : les femmes sont tout aussi musiciennes et compositrices que les hommes.
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1 et 2 – Sappho – la grande poétesse de la Grèce antique composait la musique qui accompagnait ses écrits, quelques 600 ans avant notre ère. A partir d’un minutieux travail archéologique, le compositeur suisse Conrad Steinmann a reconstitué la musique décrite par Sappho. Un résultat magique, et pas tant éloigné de nos musiques contemporaines savantes...
3 – Kassia – (Sainte Cassienne de Constantinople) Née en 810 à Constantinople, Kassia fut remarquée par le jeune empereur Théophile, pour son exceptionnelle beauté ; elle ne fut cependant pas choisie comme épouse à cause de son intelligence aiguë qui fut considérée comme signe d’impertinence…
Kassia, qui voulait devenir moniale fut satisfaite de n’être pas choisie et mena son projet à bien, allant jusqu’à fonder un monastère en 843. Elle composa de nombreux hymnes dont les partitions ont toujours été conservées, et sont à la disposition d’interprètes contemporains conquis. En cela, elle a 200 ans d’avance sur ses équivalents occidentaux, hommes et femmes...
4 et 5 – Barbara Strozzi – Née à Venise en 1619, elle est la fille de la servante d’un homme de lettres. Née de père inconnu… elle fut très rapidement adoptée par le maître de sa mère. Celui-ci lui enseigna le chant et la composition. Très admirée pour sa beauté et son talent, elle était aussi souvent moquée par la bonne société vénitienne, pour la relation qu’on disait douteuse entre son père adoptif et elle : il est probable que ce père adoptif ait été en réalité son père biologique.
Bien que jamais mariée, elle eut 4 enfants… Assurément une pionnière !
6, 7 et 8 – Fanny Mendelssohn (1805-1847) – Bien sûr, le nom nous est connu… mais pour son frère Félix. Eh bien il s’avère que la compositrice n’a rien à envier à ce frère si connu Et tandis qu’il est accepté par la bonne société berlinoise que Félix fasse de la musique son métier, il semble évident aux hommes de la famille que l’activité de Fanny ne devra rester que « d’agrément ». Ce n’est heureusement pas l’avis de son époux (le portraitiste Wilhelm Hensel), qui l’encourage à composer et publier ses œuvres.
9 – Clara Schumann, née Clara Wieck à Leipzig en 1819. Une petite fille de 8 ans partie en tournée internationale pour son incroyable talent de pianiste. C’était une véritable star que tout le monde se pressait d’aller voir et entendre jouer.
Cependant, elle est obligée, elle aussi, de reléguer la composition en piètre place, son mari lui-même (Robert Schumann) ne l’encourageait pas : « Clara sait bien qu’être mère est là sa principale mission »… Elle le fut 8 fois, ce qui ralentit effectivement le rythmes de ses compositions mais pas de ses tournées internationales qui durèrent pendant 61 ans.
10 et 11 – Cécile Chaminade (Paris 1857-Monaco 1944). Elle grandit entre les salons de sa mère, chanteuse et grande amie du compositeur Georges Bizet, et les directives strictes de son père, directeur d’assurances. Si la première remarque et encourage l’extra-ordinaire oreille de sa fille, aidée de son ami Bizet, le second s’emploie à lui barrer la route du Conservatoire, estimant que « dans la bourgeoisie, les filles sont destinées à être épouses et mères ». C’est donc en cachette que Cécile Chaminade suit des cours particuliers et devient une pianiste très admirée et la compositrice de plus de 400 œuvres.
12 et 13 – Sofia Gubaïdulina est née dans la région Tatare en 1931 ou elle suit un premier apprentissage du piano et de la composition. C’est au conservatoire de Moscou qu’elle poursuit ses études à partir de 1954, l’année suivant la mort de Staline. Elle travaille avec les proches de Chostakovitch mais n’apprends pas grand-chose… Les enseignements sont limités à la musique permise dans le régime soviétique ; autrement dit pas à celle qui lui plaît à elle et pour l’exploration de laquelle elle est douée. Pour gagner sa vie, elle se « contente » de composer de la musique de films, genre sur lequel les autorités n’ont pas la main mise. Et ce n’est qu’en cachette qu’elle compose la musique interdite. C’est à partir de 1970, dans le monde occidental que ses créations sortent des pages cachées dans les placards de son appartement pour illuminer les auditeurs !
14 - Kaija Saariaho est née en Finlande en 1952. Elle s’est entre autres formée à L’IRCAM à Paris, pour y apprendre notamment l’informatique musicale. Elle impose un style très personnel avec notamment un travail original sur ce que la compositrice nomme « l’axe timbral » qui l’amène à distinguer sons éthérés et sons bruités, sur les textures tant électroniques qu'acoustiques, leur combinaison, et la transformation progressive de masses sonores
Parmi ses compositions, on trouve un opéra écrit sur un livret d’Amin Maalouf.
15 – Saraswati Devi (1912-1980). La compositrice indienne au prénom de déesse, est la petite fille de Jaddanbai, considérée comme l’une des premières compositrices indiennes. Elle aussi se tourne vers le cinéma pour exercer son art de la composition, tandis que la musique classique indienne est quasiment exclusivement un monde d’hommes, Les parents et les gourous (maîtres spirituels dans la religion hindouiste) n'encourageant pas les jeunes jeunes filles à se tourner vers ces activités. En 2018, dans les colones du Times of India, une artiste parle de « blocage mental » et de « mépris » de la part des hommes. Pour les femmes, les barrières qui mènent aux scènes musicales sont difficiles à briser, surtout quand elles ne sont pas issues de familles musiciennes. Le parcours est alors encore plus éreintant. C’est pourtant le trajet effectué par Saraswati Devi, ayant composé des dizaines de musiques de films depuis 1935.
16 – Eliane Radigue est née à Paris en 1932. Après avoir étudié la musique elle passe un certain nombre d’années à prendre soin de sa famille (son mari, l’artiste plasticien Arman et ses 3 enfants), avant de s’autoriser à travailler avec Pierre Schaeffer. Egérie de la musique électronique pour certains, grande artiste inclassable pour d’autres, elle, ne s’encombre ni de titres, ni d’honneurs et laisse entrer dans sa fabuleuse musique, sa quête de spiritualité, amenant chaque auditeur qui accepte de s’y laisser prendre, à un profond état de bien être.
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